Messages de Rust

    Bravo à cet homme pour son courage : hausser la voix sert toujours à quelque chose sur la place publique, même pour un sujet épineux aussi bourré de "politiquement correct". L'écho de ses mots raisonnera particulièrement chez les religieux pratiquants !


    Les choses avancent inexorablement, il faut avoir foi dans ce long chemin du progrès des consciences éveillées ! Et effectivement quel plaisir d'ouvrir le débat franchement sur le statut du mineur, du droit à disposer d'une intégrité physique dès sa naissance. :thumbsup:

    Merci Nicolas de m'avoir indiqué la présence de cette section du forum : on se sent tout d'un coup moins seul dans sa façon de pensée !


    Le travail sur ce site est gigantesque et mérite vraiment d'être plus connu ailleurs. Il rassemble des arguments d'une implacable logique et en même temps des témoignages touchants et... motivants ! ^^

    Intéressante lecture que voilà !


    Du point de vue de la psychanalyse, vous décrivez à merveille les effets d’une telle opération qui rompt précocement le lien dyadique mère-enfant par sa violence (aussi courte soit-elle, du fait d’une complicité incomprise et insupportable) et génère un complexe de castration partielle dans le jeune inconscient de l’enfant, qui peut alors subir de plein fouet à chaque point de sa vie adulte les restes du désir de comprendre « pourquoi », jusqu’à se heurter pour les plus courageux au besoin de trouver un sens dans ce chaos traumatique. Un sens qui prendra des formes très variées en fonction des résistances de tout un chacun !


    Il est bon je pense de rappeler que derrière les apparences trompeuses les bourreaux ne sont pas tous des bourreaux et que les victimes ne sont pas toutes des victimes.


    Il faut effectivement distinguer dans cette Comédie de la circoncision deux types d’acteurs qui participent au fantastique moteur du déni :


    - Les leaders qui exercent une influence sur la masse et répondent clairement à des mécanismes totalitaires (je m’explique ci-dessous). Emprunts d’une certaine façon de cette « folie collective » dont vous parlez par le rôle de bienfaiteur qu’ils s’approprient. Ce sont des hypnotiseurs.



    - Les névrosés (circoncis ou non) dont le volant terrible est leur suggestibilité, la cicatrice de la circoncision agissant doublement comme un puissant rappel visuel de la fracture mal négociée du lien avec les parents d’une part (une figure d’amour mise à distance dans le complexe d’Œdipe) et de « l’empêchement de l’autosexualité » d’autre part donc du lien avec son propre corps intègre, vierge de toute agression normalisée. Ce sont des hypnotisés.


    Comment est-on certain que l’on a affaire à des violences collectives ? Quels en sont les ingrédients ?


    Le 1er ingrédient est la servitude volontaire. Le sujet circoncis dans le discours du déni se tient en position de passivité et de dominé : sa pensée est dirigée mais se fait passer pour une réflexion féconde et personnelle. Obéir à cette idée supérieure des bienfaits de la circoncision traditionnelle lui permet d’agir, de violenter tranquillement grâce à un processus collectif de déresponsabilisation / déculpabilisation.
    Cela tient sans doute à un masochisme primordial qui se développe avant le sadisme.


    Le 2ème ingrédient est la fragilité de la fonction paternelle. C’est toute la question de l’introduction des limites qui va articuler le désir et la loi selon Lacan. Où placer les limites et surtout comment ? Par la mutilation de mon enfant, puisque je suis déjà mutilé ?
    Le culte absolu des Leaders de la circoncision permet aux pères de pallier un certain nombre de défauts fondamentaux qui n’ont rien à voir avec la circoncision.


    Le 3ème ingrédient, le plus important, le plus décisif, est la nécessité de faire unité et désigner des tiers-exclu. On a déjà assez parlé du clivage de l’élite des circoncis (sauvés d’un mal imaginaire) et des autres non circoncis … Inutile de m’étendre là-dessus.


    Sur quels arguments se baser pour parler d’une tradition aux procédés totalitaires ?


    Le totalitarisme profite des difficultés inhérentes de la démocratie.
    Il propose un langage idéologique simpliste et une solution univoque séduisante – là où la démocratie prend son sens dans des combats éthiques souvent bien contradictoires - tout en s’appuyant sur un appareil de propagande solide (et accessoirement un appareil de censure considérable). Les leaders de la circoncision tentent tant bien que mal de tenir la suggestion hypnotique par la répétition, non seulement de la voix, mais également par la mutilation de masse (appelons les choses comme elles sont) justifiée par des motifs idéologiques faussement légitimes. Baudelaire n’écrivait-il pas que « la plus belle ruse du Diable est de vous faire persuader qu’il n’existe pas » : quelle stratégie efficace de donner aux pulsions de mort égoïstes une si louable intention que le maintien du Bien de la civilisation !



    La raison dit qu’il n’y a pas de mutilation bénigne ni de souffrance collatérale minime. Mais seulement un geste ‘‘délibérément’’ choisi d’opérer sur l’individu un marquage indélébile des bonnes idées de tel groupe. Et le scandale est de laisser les religions, les principes d’une communauté, les influences des leaders totalitaires conserver une emprise pseudo-castratrice sur le corps d’un enfant innocent. Cela s’apparente effectivement presque à un désir inconscient de vengeance du père circoncis de répéter cette violation hâtive de l’innocence de son propre passé ou plutôt d’arracher rapidement, avant l’éclosion de la sexualité durant l’adolescence, le droit à une intégrité qu’il n’a lui-même pu jouir.
    Une sorte de punition. Mais heureusement pour les hommes, nous ne sommes pas tous les pantins de nos traumas mal refoulés, des solutions existent. Une solution simplement philosophique de croire à la liberté de choisir, à une forte responsabilité basée sur des principes limpides issus du progrès des réflexions de la société moderne, quand bien même les neuroscientifiques diront que nos décisions sont prises par des forces internes dont nous ne saisissons pas clairement les mécanismes chimiques.
    Certes, l’environnement pèse sur nos choix dans les 3 réalités du Temps, mais nos gènes déterminent également le degré de résistance et la force de volonté de remettre en cause des coutumes ancestrales. Et enfin la clairvoyance de repérer que certaines pratiques barbares, même parfaitement intégrées dans le conformisme de son temps, n’ont rien de culturel ou moral, mais relèvent d’une violence massive qui s’origine dans certaines perversités individuelles et se perpétuent par la suggestibilité des névrosés que nous sommes naturellement.


    Michel Hervé Bertaux-Navoiseau,
    vous revisitez également étroitement certains dires de Freud. Pourquoi ne pas aller plus loin ensemble ? Freud a théorisé au sujet des tendances fétichistes de l’homme vers la femme. Pour faire bref, le fétiche (une partie du corps féminin) serait un substitut du phallus manquant de la femme, indispensable pour obtenir la plus totale des satisfactions sexuelles. Ce fétiche rappellerait à moitié chez l’homme son angoisse de castration infantile, l’autre la refoulerait. Et justement, quand la castration est partielle mais bien réelle, les objets de substitution (partiels ou transitionnels selon tel ou tel psychanalyste, cf. Klein & Winicott) n’ont-ils pas globalement une toute autre valeur ? C’est-à-dire que la présence de l’objet n’est plus synonyme d’une menace abstraite, inconsciente, symbolique de la castration et ne sert plus seulement à distraire l’enfant de l’absence d’une figure maternelle protectrice, mais lui rappelle insidieusement sa propre pseudo-castration et son
    manque littéral de mère à ce moment précis, quelque chose qui mélangeraient angoisse de perdre à nouveau et désir de récupération. Ainsi mon propos tient à conclure que le fétiche ne serait plus à considérer comme un symbole qui comble une faille originelle du corps de la femme, mais celui du corps de l’homme en question dont la représentation n’est pas équilibrée, intacte, littéralement ‘‘pleine’’.
    La tendance fétichiste du sujet, au sens quasi pathologique, fonctionnerait avec d’autant plus d’obsession que l’image de sa partie du corps essuierait des trous. C’est bien connu, la nature a horreur du vide : cette rupture a besoin d’un transfert rapidement sans quoi la conscience lâche, déraille. Un transfert sur le fétiche, sur l’objet du représentant maternel. Et le seul moyen de s’en sortir est de coller des « signifiants » sur cette tresse de mots trouée qui constitue notre enveloppe corporelle. Sans vouloir faire de raccourcis, on imagine également que certaines pulsions homosexuelles peuvent être un moyen pour l’homme circoncis de récupérer ce manque, et, à défaut d’y arriver, de se confondre mentalement avec la représentation du corps d’autrui.