Avec leur double face (peau à l'extérieur, muqueuse à l'intérieur), les lèvres sont les organes frontières des ouvertures du corps à l'exception des oreilles. La face externe protège l'intérieur du frottement et de la dessiccation qui transformeraient la muqueuse en peau. Toutes sont amplement fournies en terminaisons nerveuses extéroceptives de toucher fin[1][font='"'], [/font][2][font='"']. Mises à part celles du visage, elles sont contournées, ridées, inesthétiques et malodorantes.
Elles comprennent les paupières, les narines, les lèvres de la bouche, celles, externes et internes, de la vulve, le capuchon du clitoris, le prépuce et l'anus (le tube digestif est le seul organe possédant une lèvre à chaque bout).
Les trois dernières et les narines sont circulaires. Sauf les narines qui, humidifiées en permanence par la respiration, n'ont pas besoin d'être closes, toutes peuvent s'ouvrir et se refermer. Celle de l'anus inclut un sphincter et le rétrécissement terminal de l'anneau du prépuce opère une fonction un peu similaire. La plupart sont des organes du toucher érotique (avec cette réserve que l'anus interne ne contient pas de terminaisons nerveuses érogènes), ce qui peut expliquer l'absence du concept jusqu'à aujourd'hui.[/font]
Cette généralisation de la notion de lèvre fait du prépuce un organe à part entière et non un simple repli de peau. De plus, comme le clitoris, il possède une innervation érogène particulièrement dense1, 2, en synergie avec son innervation de toucher fin. Cette sensibilité est particulièrement notable à son extrémité (l'anneau), dont l'existence et la fonction érotique ont été mises en lumière par Taylor[3][font='"'] et Fleiss[/font][4][font='"']. Enfin, le mécanisme d'enroulement et de déroulement du prépuce4 est unique dans la nature. Il permet un nettoyage facile et une stimulation efficace et réciproque de lui-même et du gland4, [/font][5][font='"']. Comme celle du clitoris et contrairement à celle du gland qui n'interdit pas nécessairement l'orgasme mais empêche l'émission de sperme[6], l'excision du prépuce n'empêche pas la reproduction. Comme le clitoris, le prépuce n'est pas un organe génital.[/font]
Symétries et dissymétries
[font='"']
[/font]
Freud affirmait que le clitoris est le deuxième organe sexuel de la femme[7].
Le prépuce est avec lui l'organe spécifique du plaisir personnel(*) de la personne humaine. Il est bien sûr hors de question de comparer l'excision et ses redoutables conséquences physiologiques et sexologiques avec la circoncision. Mais en ce qui concerne la fonction sexuelle, les deux organes, richement pourvus en terminaisons nerveuses érogènes, sont très similaires. Dans la manusexualité, de même que le clitoris est source de sensations intenses différentes des sensations vaginales, le prépuce procure un plaisir différent de celui du gland. Manié avec délicatesse, l'organe sexuel féminin (comme rappelé par le prix Nobel de médecine Georges Wald) de l'homme apporte des joies aussi exquises qu'infinies.
Souvent inexistants chez les circoncis, les "petits orgasmes" masculins consistent en brèves contractions orgasmiques du pénis. Ils sont procurés, un fois le pénis en érection, par simple respiration profonde en gonflant bien le ventre, par caresse légère et lente, à sec, du périnée à l'extrémité du prépuce, en insistant sur l'anneau du prépuce, par de petits étirements du prépuce rétracté ou par de petites pressions du doigt sur le frein. A la différence des contractions en grappe du grand orgasme, celles-ci sont isolées. Très agréables, elles autorisent un plaisir intense, répétable à l'envi : 120 en 10 minutes, 1 toutes les 5 secondes. Certes moins fréquents que les orgasmes clitoridiens qui dépensent moins d'énergie musculaire, ils sont similaires. A la différence du grand orgasme, les petits orgasmes se produisent sans éjaculation (la contraction provoque la fermeture du sphincter qui autorise le passage du sperme dans l'urètre) mais ils n'ont rien à voir avec l'éjaculation retardée ("edging"). Ils sont bien connus du Tantrisme qui les recommande parce qu'ils épargnent la semence.
Une majorité de circoncis et une minorité d'intacts n'y parviennent pas mais un circoncis a pu y parvenir après restauration chirurgicale du prépuce. Cette différence paraît liée à l'absence fréquente du réflexe pénilo-caverneux chez les circoncis par comparaison avec les intacts (73% versus 8%)[8][font='"']. Les adversaires du prépuce nous traiteront d'histrions. Laissons dire ces esprits puritains ; la fonction érotique du clitoris et du prépuce est telle que la psychanalyste Elisabeth Roudinesco affirme :[/font]
[font='"']"… la masturbation…,… autorise un plaisir illimité,… "[/font][font='"'][9][/font][font='"'][/font]
Organes du pur plaisir : la jouissance indéfiniment renouvelable, respectivement masculine et féminine des préludes, le clitoris et le prépuce présentent la même symétrie que le vagin et le pénis. Le clitoris est l'organe pénien spécifique du plaisir personnel de la femme, le prépuce est l'organe vaginal spécifique de celui de l'homme. Si l'organe phallique de la femme est un mini-pénis, le rôle du prépuce dans l'autosexualité ressemble à celui d'un mini-vagin et la manusexualité masculine présente une certaine ressemblance avec le coït, ce qui n'est pas le cas du clitoris qui est extérieur au vagin. En conséquence, comme celle du membre viril de la femme, l'excision de l'organe féminin de l'homme est une mutilation.
Cependant, si le clitoris est inutile au plaisir masculin, nous allons voir qu'en dépit de rumeurs sans fondement, le prépuce profite aux dames.
Les inconvénients sexuels de la circoncision
[font='"']Les inconvénients pour les hommes[/font]
La grande conséquence de la circoncision est une double perte de sensibilité :
celle due à la perte du prépuce lui-même[10][font='"'], [/font][11][font='"'], [12][/font][font='"'], celle due à la désensibilisation du gland5, [13].[/font]
Elle est le plus facilement observable dans les groupes homosexuels ; dès qu'un circoncis entre dans un groupe d'intacts, son handicap saute aux yeux. Les premiers handicaps du circoncis sont la pauvreté de la jouissance manusexuelle et la réticence à l'usage du préservatif[14], [15][font='"'], [/font][16][font='"']. Cette dernière semble expliquer la forte prévalence du SIDA en Afrique et aux USA, très supérieure à celle de l'Europe intacte(*).
De même, s[/font]a [font='"']fréquence est très faible au Japon, premier consommateur mondial de préservatifs. L[/font]e professeur Rozenbaum, président de l'Office national du SIDA, a déclaré[17] : "… le préservatif est le seul moyen efficace de prévention individuelle, que les hommes soient circoncis ou non." Comme confirmé[font='"'] par une enquête[/font][18][font='"'], il est bien connu que le plaisir personnel du circoncis est laborieux et demande une lubrification artificielle. Une autre importante enquête[/font][19][font='"'] ([/font]5.550 sujets, dont 2.345 circoncis, et leurs épouses) a révélé que la circoncision entraîne trois fois plus de difficultés pour parvenir à l'orgasme. Ensuite, la rumeur concernant l'éjaculation précoce des intacts est un mythe ; plusieurs enquêtes18, [20][font='"'],[/font][font='"'] [/font][21][font='"'] n'ont pas relevé de différence entre circoncis et intacts. Une enquête chinoise[/font][22][font='"'] affirme au contraire que les circoncis en sont cinq fois plus affectés. Enfin, une méta-analyse[/font][23][font='"'] a montré que chez les circoncis à l'âge adulte – seuls en position de comparer – la circoncision, bien qu'effectuée pour motifs médicaux, ne satisfait qu'un tiers des sujets, un tiers sont indifférents, le dernier tiers étant insatisfaits.
Ces chiffres confirment que, comme toutes les mutilations, la circoncision devrait être une chirurgie de dernier recours.[/font]
Deux autres conséquences de cette perte de sensibilité sont l'impuissance progressive5, 10, [24][font='"'] (les USA à la fois riches et circoncis sont les premiers consommateurs mondiaux de Viagra) et les pratiques sexuelles risquées10, [25], [/font][26][font='"'], [/font][27][font='"'], [28], [29][/font][font='"'].[/font]