Faire le deuil de son prépuce

  • Faire le deuil de son prépuce.



    Le prépuce est une partie de soi, qui comme n’importe qu’elle autre partie de soi, lorsque qu’elle vous est retirée, créée un déséquilibre dans l’une des machines les plus élaborées du règne animal.


    Imaginez une montre suisse et tous ses petits rouages.
    Si vous enlevez ne serait-ce qu’un seul de ses rouages, la montre ne fonctionnera plus correctement voire plus du tout.
    Ce petit rouage a forcément une fonction pour y avoir été placé dans la montre.
    Peut-être vous donnera-t-elle encore l’heure, mais plus aussi précisément qu’avant.
    Aurez-vous peut-être simplement un décalage d’une minute ou plus ?


    Le corps humain est une montre suisse. La circoncision enlève un rouage.


    On pense souvent que le premier choc se produit lorsque le circoncis prend conscience que l’aspect de son sexe n’est pas comme celui des autres.


    Le premier choc conscient se produit bien avant, mais il sera refoulé, car traumatisant.


    Il se produit lorsqu’une autre personne manipule votre sexe contre votre volonté.
    Que ce soit un médecin ou un parent, le corps et l’esprit subissent un premier trauma.


    Quelle personne sensée , se laisserait décalotter ou examiner son “intimité” sans le vouloir ?


    Même si dans certains cas, l’acte n’est pas douloureux, il reste un acte violent.


    L’adjectif violent et le verbe violer ont la même racine, qui signifie forcer, contraindre.


    Demandez-vous maintenant, pourquoi la majorité des troubles de stress post-traumatique d’une personne violée sont les mêmes que ceux d’une personne circoncise ou excisée ?


    baisse de l'estime de soi, manque d'assurance et de confiance en soi ;
    sentiment de saleté et de honte ;
    difficultés sexuelles (abstinence ou errance, désordre de la libido, rapports sexuels douloureux ...) ;
    difficultés relationnelles (engagement amoureux impossible, agressivité, isolement social, violences conjugales avec ou sans viols conjugaux, dégoût ou haine du sexe opposé ...) ;
    difficultés somatiques et psychosomatiques (problèmes gynécologiques, de dos ; soins dentaires refusés ; lavements fréquents ; douleurs au ventre ou à l’anus ...) ;
    difficultés autour de la maternité (stérilité psychogène, craintes non maîtrisées autour de la pédophilie ...) ;
    conduites addictives et d’autodestruction (anorexie, boulimie, automutilation, tentatives ou idées suicidaires, automédication abusive...) ;
    diverses pathologies psychiques (dépression, psychoses, mal-être généralisé, sentiment de culpabilité dévorant, sentiment de vide et non-sens, dégoût de soi, de son corps, de son image dans le miroir ...) ;
    les difficultés professionnelles (abandon du travail, chômage, stagnation, instabilité, périodes SDF, échec scolaire ...) ;
    À votre avis, les conséquences ci-dessus sont des troubles post-traumatiques du viol ou d’une mutilation génitale?


    Premier choc conscient :


    Mon corps ne m’appartient plus, d’autres peuvent en prendre le contrôle.
    Le schéma corporel est perturbé, l’image de soi vacille et l’image du corps est brouillée.


    Le second choc se produit lors de la circoncision.


    Souvenez-vous, on enlève un rouage de la machine.


    Que ce soit avec une anesthésie locale, une anesthésie générale ou même sans anesthésie, le corps et le cerveau sont conscient du traumatisme.


    Le mot anesthésie vient du grec “esthésie”, qui est la faculté de percevoir par les sens, “an” signifie “être privé de”.
    L’anesthésie nous prive donc de la faculté de percevoir la douleur, de l’analyser, de la ressentir. Mais si on ne peut pas l’interpréter comme telle, la douleur est bien là, ainsi que ses conséquences.
    Le corps et le cerveau la ressentent.


    Ce n’est pas parce que vous éteignez la télé que le programme n’est plus diffusé.

    "je suis circoncis... J'ai vraiment pas de peau !" :D


    "Je suis circoncis... Mais j'ai arrêté !" :thumbsup:

  • Que se passerait-il si du jour au lendemain, on retirait une portion d’autoroute (Nerfs, veines) reliée aux principales villes (cerveau, coeur)?
    Réponse: de grosses perturbations et un sacré bazar !


    Durant la circoncision, le chirurgien va détacher une partie de votre corps.
    Cette partie forme un ensemble cohérent avec votre corps, votre cerveau et votre organisme (du point de vue physiologique).
    En coupant la peau, donc en retirant les nerfs, les veines, les cellules et tout un tas d’autres petits rouages, on “tue” la machine parfaite, la cohérence que nous étions à la naissance, le corps s’arrête, le cerveau s’arrête et l’organisme s’arrête.


    Pour repartir, la machine est obligée de s’adapter pour survivre au déséquilibre :
    Imaginez le travail corporel inconscient que doit faire un amputé des membres.
    Bras, jambe, doigt ou prépuce, pour le corps, c’est la même chose : c’est un rouage qui disparaît de la carte corporelle.


    Il faut donc réécrire la carte du réseau nerveux, réécrire la carte du réseau sanguin, réinterpréter les nouvelles informations et les stimulus provenant du corps à présent déséquilibré, il faut “re-dessiner” un nouveau corps et tenter de s’adapter à celui-ci.


    Quel que soit l’âge où a eu lieu la circoncision ou l’excision, le corps d’origine devra être “effacé” pour pour en recréer un et ainsi pouvoir survivre.
    Ici encore, l’image du corps est mise à rude épreuve, mais une machine parfaite ne fait pas de rafistolage, car le rafistolage n’est pas fait pour durer.


    Symboliquement, nous dirons , que la machine doit mourir pour renaître.


    Celles et ceux qui ont connu un deuil dans leurs vies, savent que la souffrance est proportionnelle à l’attachement d’avec le défunt.
    Si cette personne a fait partie de notre vie, de notre vraie vie, depuis le début, on perd une partie de soi associée à cette personne.
    Pour se sortir du deuil, on dit qu’il faut se reconstruire.


    Mais pour se reconstruire, encore faut-il savoir ce qui a été détruit et ce qu’il y a à reconstruire.


    Nous ne sommes pas tous horloger, nous ne sommes pas tous médecins.
    Alors comment savoir ce que l’on perd avec la circoncision ?


    Il faut retourner à ses origines, à ce que nous sommes, une machine faite de chair et de sang.
    Un physique, un psychique et un physiologique.


    Qui suis-je vraiment ?
    Pourquoi je fuis l’image que j’ai de moi ?
    Pourquoi suis-je devenu qui je suis ?
    Pourquoi je me sens “différent” ?


    Ce sont les premières questions qu’il faut oser se poser.


    Suis-je vraiment sincère dans mon quotidien ? Avec moi- même, avec les autres ?
    À qui je mens et pourquoi ?


    Avant de tenter de répondre à ces questions, n’oubliez pas que vous n’êtes plus une machine parfaite.


    La réponse ne vous paraît-elle pas évidente ?


    Parce que vous n’êtes pas parfait, pas complet ! Votre corps et votre cerveau, eux, le savent depuis longtemps !


    Alors comme pour simuler la perfection, vous tentez de les tromper, en vous persuadant que tout va bien.
    Vous vous faites croire à vous-même ainsi qu’aux autres, que “vous êtes complet, parfait”,
    Votre corps et votre cerveau se reconstruisent avec cette dualité de perfection désirée et la réalité imparfaite. C’est un conflit inconscient permanent.


    Durant l’enfance, la prise de conscience de la différence avec les autres enfants vous renvoie directement à votre imperfection.
    L’image du corps, l’image de soi et le schéma corporel sont remis en question.


    “Pourquoi l’autre n’est pas comme moi ?” ( et pas : pourquoi je ne suis pas comme les autres…)
    Le corps et le cerveau ont déjà la réponse, elle est ancrée en eux, mais il vous faudra beaucoup de temps pour que vous puissiez comprendre pourquoi cette différence vous fait “souffrir”.


    Si votre corps et votre cerveau se sont adaptés depuis votre circoncision, votre conscience, elle, doit se contenter de ressentis douloureux, de sensations de manque, de vide, d’incomplétude. Sensations que vous essaierez de combler toute votre vie.


    L'adolescence est la période où il y a le plus de changements dans le physique, dans le psychologique et dans le physiologique.
    L’enfant, futur adolescent, doit accepter de ne plus être un enfant.


    Un adolescent qui est encore intact, qui n’a perdu aucune partie de son corps, doit faire face, plus ou moins consciemment, à ces changements physiques, psychologiques et physiologiques. Le corps va se modifier, il va muter, se transformer pour survivre.
    L’image originale de son corps va disparaître.
    Symboliquement sont corps d’enfant va “mourir”.


    À chaque instant de la vie, l’image du corps est d’une importance capitale dans le développement d’un individu, pour que ce dernier puisse se situer (physiquement, psychologiquement et physiologiquement) justement en tant qu’individu.


    Les changements peuvent être difficiles à intégrer.
    Que ce soit la pilosité naissante, les modifications de la voix, les attributs et les désirs sexuels, ou même de simples boutons d’acnés, ces changements, et il y en a tant d’autres, influent sur l’image que nous avons de nous, celle que l’on veut que les autres voient de nous et celle avec laquelle nous nous construisons inconsciemment.
    Il y a un combat interne qui se joue à chaque instant.


    Alors qu’en est-il d’un adolescent circoncis, qui s’est construit avec une image de dualité conflictuelle, consciente et inconsciente, de lui même ? Une image qui a été détruite au moment de sa mutilation, puis reconstruite avec une pièce en moins ?


    Quand il devient adolescent, un intact mène quotidiennement un combat interne contre lui même et son image, alors que dire d’un circoncis qui n’a même plus son image originale comme référence de base pour évoluer ?


    Un adolescent circoncis sera en proie aux mêmes doutes, aux mêmes craintes que les intacts, mais devra en plus “gérer” ses souffrances conscientes et inconscientes ainsi que leurs conséquences acquises au moment où son corps d’origine a été modifié.


    Chaque modification du corps rappelle à celui-ci qu’il n’est pas d’origine, qu’il est incomplet.


    Chaque intervention médicale, chirurgicale, chaque blessure rappelle au corps ce qu’il a subi.


    Une fois de plus, l’adolescent circoncis peut se persuader que tout va bien, qu’il n’y a aucun problème. Cela s’appelle le déni et c’est la première étape du deuil.


    Seulement, le corps a une mémoire et quand il est en conflit avec le psychique, sa seule réaction pour dire qu’il ne va pas bien c’est la somatisation (le souvenir de l’événement reste dans le corps et se manifeste par des symptômes physiques).


    Toute épreuve perturbe notre rythme corporel, dont la base de fonctionnement est la tension et le relâchement (ou dépression). Si elle se transforme en conflit ou en problème inextricable, elle peut se traduire par une pathologie psychosomatique.


    Par exemple, un grand choc affectif pas ou mal assimilé dans la petite enfance peut modifier notre organisme vers une tendance à l’anxiété et à la dépression, lesquelles favorisent les maladies cardio-vasculaires.


    Si un choc affectif peut se traduire par une maladie potentiellement mortelle, que dire d’une circoncision ou d’une excision?


    Comment le corps peut-il réagir au fait qu’il est incomplet ?
    Comment le physiologique, dans sa reconstruction du corps, va-t-il gérer cette imperfection ?
    Comment le psychique comblera ce manque ?
    Mais surtout, comment ces trois entités du corps vont-elles cohabiter ?


    Dépression, violence, obésité, anorexie, phobie, névrose, mésestime de soi, dépersonnalisation, comportement asocial, psychopathie, perversion, angoisse, tendance suicidaire, etc.


    Toutes ses pathologies sont en rapport avec l’image de soi, l’image du corps et le schéma corporel.


    La colère est la seconde étape du deuil, la prise de conscience qu’en tant que circoncis, “je suis incomplet”. Alors vous êtes exigeant envers vous même. Vous ne vous laissez pas le droit à l’erreur. Il faut être parfait dans tous les domaines.
    Le besoin de trouver un coupable, un responsable, devient une obsession pour vous soulager de cette émotion.

    "je suis circoncis... J'ai vraiment pas de peau !" :D


    "Je suis circoncis... Mais j'ai arrêté !" :thumbsup:

  • La troisième étape du deuil est le marchandage, la négociation avec soi-même.
    “Après tout, j’ai toujours vécu comme ça, il y a d’autres problèmes bien plus grave dans la vie..”
    Un besoin très fort d’exister par tous les moyens va s'installer. Un besoin de se canaliser, de trouver des repères. De se situer et de situer les autres.
    Un compromis entre vous et votre vie va s’installer, pour vous aider à mieux vivre.



    Un adulte, circoncis pendant l’enfance, se sera donc construit avec l’image de son corps incomplet.


    Des années à refouler la souffrance, tel un cercueil que l’on recouvre de terre, chaque jour un peu plus.


    Pour comprendre cette souffrance et terminer son deuil, Il faut creuser.
    Creuser encore jusqu’à retrouver cette souffrance. La regarder en face, la comprendre.


    Cette souffrance c’est l’image du corps et l’image de soi qui ont été mutilées. C’est votre imperfection, votre incomplétude.


    Cette souffrance a grandit sournoisement en même temps que vous, mais elle est la même qu’au premier jour.
    Seulement, il faut maintenant la regarder avec des yeux d’adultes.


    Comprendre qui vous êtes, c’est comprendre pourquoi vous souffrez et inversement.
    Pourquoi n’êtes-vous pas en accord avec votre corps ?
    Pourquoi le regard que vous portez sur vous est-il si négatif ?
    Pourquoi toujours ce sentiment de manque et d’insatisfaction ?
    Pourquoi toujours ce désir de perfection ?


    Comment faire le deuil d’une partie de soi, si on ne se connaît pas déjà soi-même?


    La quatrième étape du deuil est la dépression, elle ne pourra se faire qu’après s’être posé les bonnes questions, les questions qui font mal, celles auxquelles nous n’avons aucune envie de répondre.
    Il ne faut toutefois pas confondre la dépression du deuil de votre prépuce avec une dépression qui serait la conséquence d’autres conflits.


    En médecine, si vous avez mal quelque part, il faut d’abord chercher à l’endroit où se situe la douleur. Plus ça fait mal, plus il faut chercher à cet endroit.


    La dépression peut durer quelques jours ou plusieurs mois, mais c’est comme ça que le corps entier fonctionne, souvenez-vous, tension puis dépression (relâchement).


    La dépression sera le relâchement de toutes ses années de tensions, de conflits refoulés.


    Ce sera un moment triste et douloureux. Vous allez devoir vivre et relâcher toute la souffrance qui ne s’est jamais extériorisée. Des années de souffrance qui devront sortir de votre corps et de votre esprit. Vous allez devoir régler des années de conflits entre votre corps et votre esprit.
    Vous ne contrôlerez rien et vous devrez tout accepter.


    Vous commencerez à entrevoir qui vous êtes vraiment : une machine imparfaite, qui s’est construite avec un rouage en moins.
    Maintenant vous êtes à même de comprendre ce que votre corps sait depuis votre circoncision, de prendre conscience de ce que vous êtes “vraiment”.


    Vos épaules se relâcheront, votre plexus se détendra, votre rythme cardiaque s’apaisera.
    L’image du corps, l’image de soi et votre schéma corporel pourront être acceptés et intégrés.
    Vous aurez une sorte de sérénité qui se mêlera à une forme de tristesse.
    Comme si un énorme poids venait de vous être enlevé.


    C’est la dernière étape du deuil, l’acceptation.


    Une fois ces questions posées et les réponses acceptées, il sera temps de se reconstruire, de commencer la restauration de l’image originale.


    La restauration de votre prépuce est la meilleure alternative de reconstruction.


    Le corps retrouvera dans quelques années une image très proche de l’originale et ses trois entités cesseront d’être en conflits à cause de cette mutilation.


    Vous pourrez alors tenter sereinement de faire le deuil de votre prépuce.



    Nicoco

    "je suis circoncis... J'ai vraiment pas de peau !" :D


    "Je suis circoncis... Mais j'ai arrêté !" :thumbsup:

  • Post très intéressant.


    En effet le deuil est une étape très difficile je pense personnellement ne pas l'avoir fait encore totalement... Car je ne l'accepte pas et j'ai peur que si je le fais ce serais une forme d'abandon, je préfére remplacer cette étape par la solution qui est la reconstitution. Peut être est-ce la une manoeuvre d'évitement ou le choix de la solution de facilité (pas si facile pour une solution de facilité ^^).


    J'ai bien peur que reconstituer en revanche ne fasse que repousser la phase de l'acceptation ce qui voudrais dire que je suis encore dans le déni... peut être que la perte sera moins grande une fois un "alter-prépuce" créer et qu'a se moment je ferais mon deuil et serais à l'aise avec ma sexualité et je me sentirais complet !


    Je pense par la même occasion me mettre a la méditation ce qui doit surement beaucoup aider dans l'apprentissage de soi et donc a sa maitrise et réalisation du deuil.


    Dans tout les cas merci pour ce post très intéressant ! Je vois que tu es très bien renseigné et j'aimerais savoir: D'ou tires-tu les informations car elles sont pertinentes ! :thumbup:

  • Merci pour ce post Nicoco !


    J'ai eu beaucoup de mal à faire ce "deuil". Je me souviens être passé par une phase de déni, puis une grosse période de déprime avant de tout refouler... et c'est ressorti des années plus tard avec beaucoup de colère.


    A présent, plus d'une dizaine d'années après ma prise de conscience, je vais à peu près bien. Personnellement, c'est le fait de militer qui m'a sauvé.


    Je me retrouve totalement dans les propos de ce militant américain : http://www.droitaucorps.com/vi…ision-temoignage-jonathon


    Citation

    Donc pour moi, l’activisme est thérapeutique, dans le sens où cela m’aide à gérer mes propres émotions et en même temps cela contribue à aider les autres


    C'est exactement mon cas. :)


    Tout comme Sébeuh, je serais intéressé par les ressources documentaires que tu as utilisées, notamment sur le deuil en général.

  • Une bonne entrée en matière est la lecture des ouvrages de Alice Miller.
    Exemple : "Notre corps ne ment jamais"

    Caillou, la cinquantaine entamée, intact.


    "Toute vérité franchit trois étapes. D'abord elle est ridiculisée. Ensuite, elle subit une forte opposition. Puis, elle est considérée comme ayant toujours été une évidence." - Arthur Schopenhauer

  • En effet le deuil est une étape très difficile je pense personnellement ne pas l'avoir fait encore totalement... Car je ne l'accepte pas et j'ai peur que si je le fais ce serais une forme d'abandon, je préfére remplacer cette étape par la solution qui est la reconstitution. Peut être est-ce la une manoeuvre d'évitement ou le choix de la solution de facilité (pas si facile pour une solution de facilité ).


    Pour accepter le nouveau prépuce, il te faudra faire le deuil de l'ancien, sinon tu risques de te créer de nouveaux conflits corporels.
    Tu n'abandonnes rien car tu n'as rien à abandonner, si ce n'est un regret ou un désir de quelque chose que tu n'as et n'auras plus. Bref, rien de concret.
    Autant se focaliser sur tout ce que tu peux avoir et travailler sur le positivisme, ça t'aidera d'autant plus à l'acceptation du deuil et de la renaissance ;)
    Oui c'est de l'évitement ou du déni si tu préfères. Ça se travaille, et tu es sur la bonne voie :thumbsup:


    J'ai bien peur que reconstituer en revanche ne fasse que repousser la phase de l'acceptation ce qui voudrais dire que je suis encore dans le déni... peut être que la perte sera moins grande une fois un "alter-prépuce" créer et qu'a se moment je ferais mon deuil et serais à l'aise avec ma sexualité et je me sentirais complet !


    Je vois la restauration comme quelque chose de thérapeutique, tu n'effaceras pas le traumatisme, tu peux l'accepter ou en faire une croix que tu porteras toute ta vie. La reconstruction est un terme important, qu'elle soit physique ou psychique, c'est elle qui va te permettre de régler les différents conflits occasionnés (ou pas lol) par la circoncision.


    Tout est question de perception... Alter-prépuce, je n'aime pas cette vision de la chose, c'est comme pour la discussion avec Marie de l’ersatz de prépuce, à partir du moment où l'on n'a jamais eu de prépuce ou très peu de temps, on ne peut pas comparer, aucune conscience. C'est presque comme être né sans prépuce... Tout est découverte, crois moi. Aujourd'hui j'ai 16 ans sexuellement :D


    Je pense par la même occasion me mettre a la méditation ce qui doit surement beaucoup aider dans l'apprentissage de soi et donc a sa maitrise et réalisation du deuil.


    Se recentrer est effectivement très important. Tu es jeune, ce sont de bonnes habitudes à prendre. Méditation, remise en question, introspection, tout est bon pour apprendre à se connaitre entièrement ;)


    Dans tout les cas merci pour ce post très intéressant ! Je vois que tu es très bien renseigné et j'aimerais savoir: D'ou tires-tu les informations car elles sont pertinentes !


    Ah ah, très bonne question !
    C'est une synthèse de tout ce que j'ai pu lire sur la circoncision ( articles, études, témoignages lus ou discutés, etc.) et à quelques connaissances en psychologie/psychomotricité de part mon travail. J'ai travaillé sur les liens possibles entre toutes ces connaissances et j'ai posé par écrit ce qui en est ressorti.


    Tout comme Sébeuh, je serais intéressé par les ressources documentaires que tu as utilisées, notamment sur le deuil en général.


    Je suis parti des liens que tu m'avais donné sur le cirp et j'ai étoffé après, autant dire que y a du texte ;)


    J'ai eu beaucoup de mal à faire ce "deuil". Je me souviens être passé par une phase de déni, puis une grosse période de déprime avant de tout refouler... et c'est ressorti des années plus tard avec beaucoup de colère.


    Je dirai que tu es toujours dans la négociation, tu t’accommodes de ta situation en aidant les autres.


    A présent, plus d'une dizaine d'années après ma prise de conscience, je vais à peu près bien. Personnellement, c'est le fait de militer qui m'a sauvé.


    Et qui en a et va en sauver plein d'autres :thumbsup:


    Nicoco

    "je suis circoncis... J'ai vraiment pas de peau !" :D


    "Je suis circoncis... Mais j'ai arrêté !" :thumbsup:

  • Long texte explicatif Nicoco, un peu comme si tu voulais te rattraper de quelques mois d'absence en 2015 :D


    Pour ma part, comme je l'ai précisé ailleurs, je n'ai pas eu ces problèmes. Ma circoncision a été le traitement médical qui a été appliqué après que j'ai signalé à ma grand-mère des douleurs pour uriner et le "ça ne changera rien, madame" que le chirurgien répétait en boucle aux questions de ma grand-mère a fait que pendant quelques décennies, je ne me suis pas posé de questions.


    C'est finalement bien plus tard qu'en voulant satisfaire ma curiosité au sujet du prépuce sur internet, j'ai découvert sa restauration, j'ai tenté l'expérience, et finalement j'ai découvert plein de choses positives, alors que statistiquement, je devrai être dans la 2ème moitié de ma vie.


    Un point sur lequel je veux revenir (bien qu'en digressant). Tu présente le corps comme une machine parfaite à l'origine que l'on dégrade (mutile) par une circoncision. Dans le cas du prépuce, c'est exact. Mais diverses anomalies de naissance font qu'on ne naît pas toujours avec un corps parfait.


    Par exemple, le copain (à présent mari) d'une petite cousine portait il y a quelques années des lunettes pour corriger une myopie moyenne (3 à 3,5 dioptries). Il a fini par se faire opérer au Lasik et à présent dispose d'une très bonne vision sans lunettes. Il est donc passé au moyen de la chirurgie d'yeux imparfaits à ce qui est plus proche de la perfection.


    Du reste, cette idée de perfection, ou l'exigence de qualité de fonctionnement de tel ou tel organe peut varier. Lors de mon 50ème anniversaire, j'ai pensé que j'entamais la décennie où je me mettrai à porter des lunettes. Ça s'est révélé partiellement vrai. J'en ai acheté tout d'abord (de différentes puissances) sur des marché pour voir mieux de près, et comme je me suis aperçu que le soir dans l'appartement, mon acuité visuelle n'était pas excellente à 3 m de distance, je m'en suis fait faire aussi pour la myopie (-0,5 dioptries à gauche et -0,25 dioptries à droite). Pour la vision de loin la nuit, ça fait une amélioration d'acuité que je n'avais pas connue même plus jeune. Néanmoins, comme ces lunettes ne me sont pas indispensables, je ne pense pas souvent à les prendre et la différence en moins ne me gêne pas.
    Et pour la vision de près, je met de temps en temps des lunettes d'une dioptrie (la puissance la plus faible vendue dans les marchés ou en supermarchés). Mais j'ai fini par trouver sur internet des lunettes d'1/2 dioptrie qui, bien que non indispensables pour voir net, limitent la fatigue lorsque je regarde longtemps un écran situé à près d'un mètre de distance, alors que mes autres lunettes d'une dioptrie sont trop puissantes pour moi dans ce cas.
    Du reste, ma très légère myopie est certainement la cause de ma vie sans lunettes jusqu'à 52/53 ans là où d'autres commencent à en utiliser à 45 ans.


    Pour l'audition, c'est l'inverse. Ma grand-mère paternelle disait avoir commencé à devenir sourde à 23 ans (ce serait un peu pareil dans ses frères et soeurs). Mon père a suivi à un moindre niveau et moi aussi. Lorsque vers 37 ans, j'ai commencé une reconversion professionnelle, on m'a diagnostiqué une surdité moyenne. Au prix de prothèses, j'ai laissé traîner jusqu'à ce que je sois plus ou moins forcé à me faire appareiller par mon employeur il y a 2 ans. C'est sûr que pour la compréhension orale et la perceptions de sons faibles, ça a entraîné un gros progrès sans l'inconvénient que je craignais à savoir entendre certaines chose (y compris ma propre voix) trop fort.
    C'est notamment pour les oiseaux que j'ai perçu la différence en les entendant bien fort avec les prothèses et pas du tout sans !
    Lorsque j'habitais en région parisienne, je m'étais habitué à aller à la teknoparade. Pas par intérêt particulier pour ce style de musique, mais pour l'ambiance dans la rue.
    Lorsque j'y suis revenu en 2014, après hésitation, j'ai emmené mes prothèses auditives. Finalement, je les ai gardé en marche toute l'après midi et j'ai davantage apprécié la musique, parce que comme ça, il avait aussi des sons aigus.


    Donc en fait, j'ai une vision très bonne, peut être exceptionnelle pour mon âge, mais par rapport à laquelle j'ai beaucoup d'exigence au point qu'en faisant récemment un test visuel dans un lycée, j'ai été surpris d'être encore à 10 dixièmes à gauche (à 3 mètres) alors que je perçois que ma vision n'est plus excellente. Au contraire, pour l'audition sans appareil beaucoup plus imparfaite, je m'en suis longtemps contenté et, comme j'ai l'habitude de vivre dans le silence, il peut m'arriver de couper le son par exemple dans les transports en commun, si j'ai des voisins trop bruyants.


    Pour revenir à notre prépuce, le niveau d'exigence doit aussi pas mal varier selon les gens entre ceux qui sont traumatisés parce qu'il leur manque quelque-chose et ceux qui se contentent de perceptions amoindries sans se poser de questions.

  • Je sais pas si on peut parler de deuil. Dans la majorité des cas, la circoncision a été effectuée avant la puberté. Comment peut-on faire le deuil de quelque chose qu'on a quasiment pas connu, ou dont on ne s'est jamais servi dans le cas de la circoncision.
    C'est comme parler de "perte de sensations" : On nous a volé un morceau de notre corps et, de ce fait, privé d'une importante partie des sensations que l'on aurait dû avoir sexuellement.
    Mis à part les cas de "ratages", beaucoup trop nombreux c'est indiscutable, la plupart d'entre nous possedont quand même ce qu'il faut pour pratiquer le coït et y prendre un immense plaisir.


    Comme Bech (je l'ai déjà dis) je n'est eu aucun problème dans ma sexualité mais c'est un point, une cicatrice plutôt, sur lequel on reste sensible toute sa vie, chacun à un niveau different ;)


    Le but étant de "faire avec" du mieux possible. C'est quand même pas un handicap majeur et, à bien y réfléchir, la circoncision pour éviter la masturbation ou annihiler la libido, je sais pas chez vous, mais chez moi c'est un ratage complet pour le coup :D
    Hé voui, je l'avoue, je suis un obsédé du zizi sexuel :S:D

    Le prépuce n'est pas l'emballage, c'est la friandise !!!


    "No pain, no gain !"


    Argh, plus d'encre dans le clavier...

  • Long texte explicatif Nicoco, un peu comme si tu voulais te rattraper de quelques mois d'absence en 2015


    Le texte est écrit depuis quelques mois, j'attendais simplement le "bon" moment. La remarque de Laurent sur le deuil m'a semblé être le signal ;)


    Je sais pas si on peut parler de deuil. Dans la majorité des cas, la circoncision a été effectuée avant la puberté. Comment peut-on faire le deuil de quelque chose qu'on a quasiment pas connu, ou dont on ne s'est jamais servi dans le cas de la circoncision.


    De la même manière que faire le deuil de personnes que l'on a connu. Ces personnes nous procuraient des émotions ou même du plaisir, mais au final nous ne faisions qu’interpréter des signaux que l'on voulait voir, des fantasmes, des ressentis, des désirs et des besoins inconscients à assouvir. En résumé, un deuil est juste l'acceptation d'un changement de perception.
    Le fonctionnement de notre corps (physique psychique et physiologique) est une succession de deuils quotidiens plus ou moins important.
    Perdre une partie de soi, c'est perdre aussi ce qui va avec, symbolique ou réel (image du corps, sensations, fantasmes etc.).
    Donc faire le deuil de son prépuce c'est accepter de ne plus être tel qu'on voudrait être (parfait, complet, sexuellement plus sensible, etc).
    Pour un circoncis, le prépuce n'est que le symbole de l'imperfection corporelle. Il n'est qu'un objet transitionnel à l'acceptation de ce que l'on est vraiment, et ce que l'on a subit.


    Comme Bech (je l'ai déjà dis) je n'est eu aucun problème dans ma sexualité mais c'est un point, une cicatrice plutôt, sur lequel on reste sensible toute sa vie, chacun à un niveau different


    L'adaptation ou la mort. L'instinct de survie fait que tu t'es accommodé de ta situation et qu'elle n'a quasiment pas posé de problèmes. Et pourtant aujourd'hui tu es restauré et j'imagine que ta vie en a été changée positivement. Des émotions moins refoulées, moins incontrolables, peut être moins de colère, moins de tristesse etc..
    Je m'avance peut-être un peu mais si je reste cohérent avec mes travaux, ton corps entier à dû changer, l'image que tu en avais aussi. Une harmonisation corps et esprit, n'est-il pas ?


    Le but étant de "faire avec" du mieux possible. C'est quand même pas un handicap majeur et, à bien y réfléchir, la circoncision pour éviter la masturbation ou annihiler la libido, je sais pas chez vous, mais chez moi c'est un ratage complet pour le coup
    Hé voui, je l'avoue, je suis un obsédé du zizi sexuel


    La libido n'est pas en rapport directe avec la circoncision, mais directement lié au psy et à la perception de l'enfance (je fais simple). En gros ce n'est pas le fait de ne pas avoir de prépuce qui empêche d'avoir une libido, mais ce que ce traumatisme corporel à provoqué dans notre perception de nous même et des autres.
    Elle n'empêche donc absolument pas d'être sexuellement épanoui ;)


    Nicoco

    "je suis circoncis... J'ai vraiment pas de peau !" :D


    "Je suis circoncis... Mais j'ai arrêté !" :thumbsup:

  • C'est très bien vu, NICOCO, je retrouve mon histoire dans ton texte, je suis passé par toutes ces phases. Et précisément, c'est seulement une fois que j'ai réussi à faire le deuil de mon prépuce, et ça a été long, que j'ai pu m'engager dans une reconstruction.


    Patochan

  • @ NICOCO :
    Quand tu dis : " Donc faire le deuil de son prépuce c'est accepter de ne plus être tel qu'on voudrait être ..."
    Oui et en même temps, on pourrait mettre plein de choses à la place du mot "prepuce", par exemple de sa jeunesse, de son ventre plat, de ses muscles, de ses cheveux, de sa bite bien raide, de sa peau non ridée, de l'enfant qui part de la maison...


    Il faut se dire que "le deuil", tel qu'on l'entend dans ce contexte, est un phénomène que l'on rencontre tout au lond de notre vie. Faire le deuil de ce qu'on voudrait être fait partie du jeu, s'accomoder du mieux possible de ce qui nous reste et du temps qui nous reste. Plus vite il est fait mieux on se porte et on peut passer à la suite. Tu l'exprimes très bien dans ton texte : l'enfant, l'ado, la puberté etc


    Bien que je ne sois pas encore restauré complètement, sur que ça a changé quelque chose ! Mais point de vue psycho, je n'ai pas attendu la venue des methodes de resto pour aller de l'avant.
    En bref, je n'ai pas laissé s'accumuler "les deuils" et j'ai essayé, autant que faire se peut, de ne pas me laisser submerger, l'instinct de survie comme tu dis si bien ;)


    L'harmonisation corps/esprit m'a été nécessaire bien avant ma resto, et c'est vraiment sans visée "thérapeutique" que j'ai entamé ma resto (peut-être un des rares d'ailleurs)
    Ceci dit, je suis très heureux des changements qu'elle a provoqué en moi mais je n'ai tiré aucun "regain" de confiance en moi ou quelque chose dans ce genre, puisque je n'ai jamais laissé ma circ être un obstacle à ma sexualité.


    C'est peut-être pour ça que j'ai du mal à comprendre, parfois, et je m'en excuse, comment certains arrivent à se mettre dans des états psychologique tels pour une circoncision (hors ratage bien sur, je ne le répèterais jamais assez).


    "Elle n'empêche donc absolument pas d'être sexuellement épanoui"
    C'est vrai, en théorie ...

    Le prépuce n'est pas l'emballage, c'est la friandise !!!


    "No pain, no gain !"


    Argh, plus d'encre dans le clavier...

  • Oui, tu dis que des témoignages te surprennent par le fait que la circ a pu atteindre profondément la bonne santé psychologique de certains.
    Je crois que nous n'avons qu'une connaissance que très partielle de ce que chacun de nous a pu vivre dans sa vie. Les raisons du vécu d'un traumatisme, facile ou difficile, me semblent multiples et complexes.
    Certains sont armés pour affronter des épisodes douloureux de leur vie,d'autres moins.Parmi ces derniers certains s'effondrent d'autres sont capables de surmonter et même utilisent ces difficultés pour avancer. C'est, si j'ai bien compris la résilience dont tu parles dans l'autre échange que tu as posté aujourd'hui. La encore nous ne sommes pas égaux.
    Pour moi, la circ reste un traumatisme que j'ai tenté d'affronter et de résoudre sans y parvenir totalement. Cependant elle n'a pas eu d'impact dramatique sur ma libido que je sens épanouie. C'est plutot l'envie de vivre encore mieux les choses ( plus de bonnes sensations et de confort, aspect plus intact et soulagement à l'idée d'être "réparé") qui me motivent pour cette restauration.
    Quoi qu'il en soit le forum est un très beau lieu d'échanges et de réconfort et je te remercie d'y participer si souvent avec sincérité et bienveillance.

  • Certain naissent petit, d'autres grands, roux, frisés, avec un énorme grain de beauté sur le visage, avec un doigt en moins, avec un petit sexe, avec un mamelon en plus etc.
    Le deuil est plus facile car il n'y a pas de changement "corporel". Seul le psychologique entre en compte.
    Dans le cas d'une circoncision, il faut que le corps et l'esprit acceptent le changement, et même si le fameux instinct de survie nous aide à mieux vivre l'ablation d'une partie de notre corps, cette dernière n'en reste pas moins un traumatisme subit physiquement et psychiquement, quelque soit l'acceptation, le refoulement ou le déni de chacun.


    Pour travailler régulièrement sur des thérapies, je peux vous dire que le moindre "incident" survenu durant l'enfance a des conséquences énormes sur la perception à l'age adulte. Ainsi et par exemple, la séparation des parents au moment où devrait se régler le complexe d’œdipe (environ 5 ans), aura des conséquences plus ou moins inconscientes sur la façon de voir, gérer, appréhender le couple à l'age adulte.
    L'absence d'allaitement aura certainement des conséquences sur les pulsions sexuelles et l'affectivité à l'age adulte.
    Une circoncision survenue entre 3 et 5 ans, aura des conséquences sur la symbolique la castration et sur la perception de sa propre virilité (avec entre autre des difficultés avec la confiance en soi).
    Avant 4 ans, l'enfant peut passer ses souvenirs aux oubliettes, car ceux-ci, sans filtres à l'époque, sont jugés trop violents par l'inconscient et sont refoulés. Quelques soit le souvenir(pas forcément une circoncision), une rencontre, un jouet, un lieu, etc, celui-ci peut avoir été censuré pour éviter les conflits.


    Des exemples comme ceux-là il y en a des milliers. L'homme est un animal immature qui se construit fragilement jusqu'à environ 20 ans (la tendance est à la hausse ces dernières décennies :D).
    Ce qui nous mets au sommet du règne animal est aussi ce qui nous rend les plus fragiles : la conscience.


    Quelques soit l'age d'une circoncision, il y a trauma. Mais il faut garder à l'esprit que ce n'est pas la circoncision qui entraîne des conséquences mais la façon dont celle-ci est interprétée, symboliquement le plus souvent.


    Ma circoncision ne m'a jamais réellement posé de problème non plus, jusqu'à ce que je creuse un peu tout ce qui avait été refoulé. Et c'est là que ça devient intéressant. Du corporel au cognitif, elle a influencé pas mal de chose. Et je n'en suis qu'au début du travail.


    Maintenant un peu de provocation :D
    Diabolo, tu dis que tu as commencé ta restauration sans visée "thérapeutique", or dans ta présentation "vous en résumé", tu précises que c'est par esprit de revanche...
    Ta perception a certainement changé, ce qui apporte aujourd'hui de l'eau à mon moulin :thumbsup:


    Maintenant, je le répète, tout est question de perception. ;)


    Nicoco

    "je suis circoncis... J'ai vraiment pas de peau !" :D


    "Je suis circoncis... Mais j'ai arrêté !" :thumbsup:


  • Maintenant un peu de provocation :D
    Diabolo, tu dis que tu as commencé ta restauration sans visée "thérapeutique", or dans ta présentation "vous en résumé", tu précises que c'est par esprit de revanche...


    Ha !!! je suis touché !!! :D


    Oui c'est vrai, mais tu noteras que j'ai mis "revanche" et pas "vangeance" :D


    Non sans déconner : très bizarrement, j'ai toujours su (ne me demandez pas pourquoi ni comment, l'instinct surement) que j'avais été victime d'une supercherie :huh: et la découverte de la resto et de ses sites dédiés, me l'a confirmé. Comme je suis curieux de nature j'ai tenté le coup. Je ne peux pas dire que je suis un acharné mais je fais mon petit bonhomme de chemin.


    Je reviens sur ce que j'ai lu chez je ne sais plus quel membre :S qui s'est interdit toute activité impliquant une nudité (douches communes notemment). Je trouve ça dommage car c'est là, souvent, qu'on affronte les premiers complexes.

    Ca ne m'a pas été facile la première fois en colo, à l'age de 7/8 ans, de devoir faire comme les autres : se foutre à poil pour prendre une douche !!! 8|8|8|
    Je me souviens de ce moment (oui c'est vraiment la toute première fois que ça m'a fait ça) où j'aurais voulu ne pas être là. Puis en voyant les autres, tout aussi timides que moi, pour certains intacts mais pour beaucoup circoncis (c'était une colo chrétienne) celà m'a rassuré.
    Un petit coup d'oeil furtif sur les appareils de mes camarades m'ayant réconforté sur la taille du mien, j'ai pu entamer une vie sexuelle débarassé de tout complexe : j'étais normal en fait ;)


    Les douches suivantes ont été des moments de franche rigolade et non plus de torture psychologique ;)



    Laurent : "Pour moi, la circ reste un traumatisme que j'ai tenté d'affronter et de résoudre sans y parvenir totalement."


    Peut-être la différence est-elle là. Je n'ai rien eu à affronter ni à résoudre (enfin dans ce cas) car je crois que je n'ai jamais considéré ça comme un traumatisme. Une erreur, une connerie oui, mais pas un trauma ;)
    Je me sens évidemment victime de cette erreur, mais si seulement c'était la seule ...


    Sans en faire trop, je suis pas là pour donner des leçons loin de là, mais si je dois faire une comparaison entre 2 situations que j'ai eu à affronter, l'abandon est un traumatisme dont il est extrèmement difficile de guerir.
    Là je pourrais dire qu'on est jamais complètement guéri, que la cicatrice reste béante et les questions sans réponses etc, mais pour ce qui est de la circ, je connais les tenants (imbécilité religieuse, ignorance parentale, complicité medicale) et les aboutissants (COUIC ! :wacko: ) donc je ne vois pas quelles questions je pourrais me poser ou quel énigme j'aurais à résoudre, tout est là !


    Tout ça pour vous dire : relativisez et vous vous porterez surement mieux ;) C'est la base de toute thérapie ;)

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    Argh, plus d'encre dans le clavier...

  • Diabolo, j'espère ne pas avoir compris de travers ton message, si c'est le cas je m'en excuse d'avance. :whistling:
    Tu as un parcours atypique et j'apprécie et partage ta vision optimiste des choses.
    Que tu choisisses l'option "ma circoncision n'est responsable d'aucun de mes traits de caractère" est une option instinctive thérapeutique, une bonne option selon moi. Mais tu ne peux nier que ce "simple bout de peau", contenant plus de 20 000 terminaisons nerveuses et capteurs sensoriels, a une incidence sur le corps et l'esprit quand il est retiré.


    L'idée n'est pas de apitoyer sur son sort, ni de mettre tous les maux sur le compte de sa circoncision, mais d'essayer de comprendre, les conséquences de cet acte si "banal" aujourd'hui.
    Comprendre pour pouvoir relativiser, pour pouvoir accepter. Une majorité de circoncis vivant un mal être, ne savent pas réellement pourquoi ils vont mal. C'est comme les états dépressifs, on va mal mais bien souvent on ne sait pas pourquoi.


    Pour ma part j'ai compris que ma circoncision à eu lieu au moment où je commençais à prendre conscience de mon corps dans son ensemble (3 ans), où je commençais à avoir une libido "consciente" (oui oui à cet age comme tout le monde), l'age où la peur "symbolique" de la castration (c'est pas moi qui le dit c'est le psychiatre allemand qui voulait coucher avec sa mère :D ) s'est transformée en une castration quasi réelle, sans compter les complications post opératoires... J'ai compris aussi que je m'en étais plutôt bien sorti compte tenu de ces perturbations dans la construction de ma personnalité. Et pourtant en creusant un peu, en prenant conscience du déni et du refoulement, je me suis aperçu que beaucoup de mes choix avaient été plus où moins influencés par des névroses intégrées dans ma personnalité (statistiquement nous sommes tous névrosés ;) )


    Ce n'est vraiment pas un acte anodin, c'est une mutilation, une grande majorité de psychiatre s'accordent à le dire, mais OUI, il faut faire le tri dans les symptômes, tout le mal ne vient pas de la circoncision,mais elle en engendre beaucoup... Faire un travail sur ces symptômes apaise une souffrance qui était inconsciente auparavant.


    J'entends et je comprends que dans ton parcours, la circoncision n'est que le cadet de tes soucis, qu'il y a plus important dans la vie que le prépuce, et même si nous sommes très actifs et optimistes dans la catégorie "restauration du prépuce", il faut aussi stopper cette banalisation de la circoncision et selon moi ça passe aussi par énoncer ou dénoncer les symptômes réels ou psychosomatiques des victimes de cette mutilation.


    Citation de “NICOCO”
    L'absence d'allaitement aura certainement des conséquences sur les pulsions sexuelles et l'affectivité à l'age adulte.
    Lesquelles ? (là, je suis concerné).


    Pour faire court et simple, l'allaitement est la première satisfaction libidineuse de l'enfant (oh le petit pervers), l'action de sucer et de téter lui procure un plaisir qui passera plus tard vers les parties génitales. Le contact "corps à corps" déterminera en résumé le ressenti corporel. Les deux combinés, nous rappellent la relation physique et fusionnelle que l'on retrouve dans le coït.
    Ne pas se construire avec cette satisfaction, ce moment privilégié avec son 1er (et souvent unique :D) objet d'amour qu'est la mère (nourricière) peut entraîner des difficultés dans la relation à l'autre aussi bien affective que libidineuse (rejet ou dégoût de l'autre ou bien à l'inverse énormes besoins frustrés à satisfaire).


    Nicoco

    "je suis circoncis... J'ai vraiment pas de peau !" :D


    "Je suis circoncis... Mais j'ai arrêté !" :thumbsup:

  • Non non, tu n'as pas à t'excuser de quoi que ce soit ;) On discute, on débat dans le respect et l'écoute de l'autre, c'est ce qu'il faut !


    Justement si. L'abandon, le manque de sein à téter (dont tu parles), la circ, tout ça a été responsable de mes "traits de caractère" pendant des années. Cela a influencé sur ma vie, mon entourage, ma famille ... n'empêche que c'était pas moi.
    Lorsque j'ai arrêté de laisser ces évènements prendre le contrôle de ma vie, mon vrai moi a pu alors s'épanouïr.


    Je n'ai pas pour autant dénié tous ces moments, de toute manière, que je le veuille ou non, ils font partie de moi.


    Un exemple concret de l'ébéniste que j'étais :D
    Certains meubles, Louis XVI notemment, arboraient des fleurs de lys symbole de la royauté. Ces fleurs de lys, après la révolution, ont été pour la majeure partie enlevées/cassées. Il serait impensable pour un ébéniste de voir un de ces meubles restauré (tient un terme qu'on connait) à l'origine. L'absence des fleurs de lys fait partie intégrante du meuble, elle signe son identité et son vécu. D'ailleurs on risque un procès si on fait une telle bourde.


    Il n'y a évidemment pas de parallèle à faire entre un meuble et un être humain, mais, et je revient à la notion de deuil, focaliser sur le "morceau manquant" peut faire oublier combien ce meuble est beau et mérite d'être mis en valeur ;)
    Beaucoup de personnes vont aimer ce meuble. Certaines pour son look, d'autres pour son côté pratique ou encore pour le prix qu'il vaut. Combien vont s'arrêter sur la fleur de lys qui manque ...


    En nous emputant d'une partie de notre anatomie on nous a aussi privé d'une grande partie de notre plaisir sexuel. Je refuse que les conséquences de cet acte, déjà assez traumatisant, déborde sur le reste, tout le reste de ce que je suis. Si je me réduit à cet acte je fait gagner ceux qui me l'ont imposé, je me plie à leur volonté première : m'empêcher de m'épanouïr sexuellement, pratiquer l'abstinence, puis s'en suivent la dévalorisation, l'enfermement, le repli etc.


    Mais je combat aussi cette pratique pour que d'autres n'aient plus à subir ces pratiques héritées d'un autre âge.

    Le prépuce n'est pas l'emballage, c'est la friandise !!!


    "No pain, no gain !"


    Argh, plus d'encre dans le clavier...

  • Magnifique texte... Je suis bluffé et j'avoue avoir laissé une larme s'échapper tellement je me reconnais dans toutes ces phases post reconstructtion... Le traumatisme vécu...


    Malheureusement je n'arrive pas à savoir comment passer par cette phase de deuil de mon prépuce retiré il y a maintenant 24 ans...
    Tu dis qu'il faut absolument en faire le deuil avant d'entamer la reconstruction... Moi je (sur)vis actuellement et depuis ma puberté avec ce sex que je rejette... De par sa forme et sa taille que j'accuse en être une résultante de cette circoncision..
    Je ne sais pas comment passer par le deuil où comment celui ci devrait se manifester..
    Je suis surtout très en colère de ne pas être "entier" et devoir me sentir mal dans ma peau à cause de cela... J'ai pourtant pas un corps dégueu je pense, mais cette partie me fait défaut... Et je me restreint de pouvoir m'amuser comme beaucoup d'hommes de mon âge afin d'éviter de me sentir ridicule (dans ma tête surtout) et me sens donc complètement lésé de cette stuation...



    Enfin, je suis vraiment ravi d'etre tombé sur ce forum car vraiment je me sens moins seul et l'idée de pouvoir échanger librement et parler ouvertement me fait malgré tout un bien fou...