Circoncision et SIDA : un article explicatif

  • Article explicatif sur Droit au Corps : http://www.droitaucorps.com/circoncision-sida-protection


    Michel Garenne a écrit :

    La circoncision ne fait que réduire le risque de transmission d’une femme infectée à un homme non infecté en cas d’exposition mais ne protège pas. Le risque chez l’homme non circoncis est évalué en moyenne à 1/1000 à chaque rapport sexuel exposé, et à la moitié chez l’homme circoncis. (…) Or, on ne pourrait pas « vendre » un programme de circoncision de masse en essayant de convaincre les hommes que leur risque va passer de 1/1000 à 1/2000, ce qui serait un message scientifiquement correct : personne ne mordrait à l’hameçon avec ce genre d’argument, et avec raison. Pour vendre le projet, on parle donc de « protection » ou « protection partielle », ce qui induit le patient en erreur et lui laisse croire qu’il sera en partie protégé. On comprend l’argument de marketing, mais ce n’est pas une information correcte qui est donnée au patient.


    D’un point de vue biologique, l’effet s’explique assez simplement : le prépuce contient de nombreuses cellules cible pour le virus VIH et, donc, en les enlevant on évite les infections qui auraient pu se produire par cette voie. Mais le gland et l’urètre contiennent aussi des cellules cibles, probablement en quantité équivalente, ce qui fait que l’homme circoncis est tout aussi susceptible que l’homme intact (non circoncis). D’ailleurs, cela se voit clairement dans les trois essais randomisés : même dans le groupe circoncis, l’incidence du VIH est de l’ordre de 1 % par an, ce qui est considérable et devrait se traduire par 40 % d’hommes infectés entre 20 et 59 ans : ils ne sont certainement pas protégés !


    D’un point de vue démographique, les choses semblent se passer ainsi : pour les hommes non exposés (en couple stable avec une femme non infectée), la circoncision n’a pas d’effet ; pour les hommes très exposés (en couple stable avec une femme infectée ou hors couple ayant de nombreux partenaires), la circoncision n’a pas d’effet long terme car le virus va toujours trouver une porte d’entrée tôt ou tard. Ce n’est guère que dans les cas d’exposition occasionnelle que l’on peut s’attendre à une réduction du nombre d’infections (cas d’hommes en couple stable qui visitent occasionnellement des prostitués sans précaution ; cas d’hommes ayant très peu de partenaires occasionnels, etc.). Ces cas d’exposition occasionnelle ne jouent vraisemblablement qu’un rôle mineur dans les dynamiques d’épidémie et expliquent que l’impact à long terme de la circoncision soit négligeable en population générale.


    Et le pire, c'est que la circoncision est de plus en plus imposés aux enfants pour cette raison, que ce soit dans les pays d'Afriques visés ou dans d'autres endroits du monde, où des médecins et parents récupèrent cet argument !