Circoncision et psychologie : un article introductif

  • Je m'excuse par avance mais ...


    ... "Imagine-toi assis ou endormi parmi ceux que tu aimes. Soudain des gens que tu ne connais pas entrent et t’immobilisent de force, arrachent tes habits et coupent la peau de ton pénis avec un couteau pendant que tu cries de douleur et essaies de t’arracher de leurs mains."


    On est plus vraiment dans la circoncision médicale là, tu m'étonnes qu'il y ait des séquelles graves après de telles agressions ! :wacko:


    Et encore ces réactions dont je te parlais ...


    "Où sont les témoignages d’individus circoncis et qui n’ont eu aucun problème que ce soit physiologique ou psychologique? Et c’est totalement faux le fait d’immobiliser un enfant pour lui couper le prépuce avec des ciseaux. Ayez un peu de bon sens, la plupart des circoncisions se fait dans le respect des règles d’hygiène et sous » anesthésie « . Ne généralisez pas des pratiques extrêmes pratiqués par une infime partie d’une quelconque communauté. Il n’y a aucune séquelle psychologique, pour la majeure partie des circoncis, ni aucun trouble sexuel ou autre."


    "Bonjour. Devant un aussi énorme amas de bêtises il n’y a rien d’autre a faire que de s’ en aller! Mon message s’ adresse a » droit au corps « . Je suis circoncis et je le vis extrêmement bien!! Je n’ en suis pas choqué ou autre …"


    ... Et on leur répond par quoi ... du mépris et des liens à gogo qui prouvent quoi ... que ces personnes ont tort de ne pas avoir de séquelles psy ?!
    On les assène de témoignages négatifs sans porter attention au positivisme contenu dans les leurs !


    Ces gens qui répondent ont pourtant la même crédibilité et légitimité que nous, puisque ils sont circoncis. Alors pourquoi ai-je l'impression qu'ils sont vus comme des traitres à la cause ou des ennemis.
    Il faut nous faire entendre certes, mais il nous faut surtout savoir écouter ...


    Bien sur que 100% des circoncis sont des victimes, mais ils ne sont pas tous forcement gravement atteints psychologiquement, loin s'en faut et c'est tant mieux.


    Je dis : ..."Ceux qui ont des séquelles psychologiques voire psychosomatique qu'ils attribuent à tors à leur circoncision (problèmes d'érection, de manque de libido, de longueur à l'éjaculation que sais-je encore). Des problèmes qu'ils auraient très bien pu avoir en tant qu'intact en fait."
    Tu dis : "De plus, beaucoup d’hommes circoncis ont des problème sexuels (plus ou moins graves) mais ne font pas forcément le lien avec leur circoncision" ...


    De savoir qui a raison importe peu puisque les 2 cas de figures sont valables, seulement aucun ne doit-être ignoré !


    Donc, ..."mais ne font pas forcément le lien avec leur circoncision"... surement parce qu'il n'y en a pas toujours !


    Et que dire sur les clichés qui suivent et qui me font gerber : tu as été circoncis, tu circoncis, tu as été battu, tu bats etc :rolleyes: Ce sont des raisonnement psy des années 70 ça et je sais de quoi je parle !


    Depuis on a découvert le phénomène de résilience :
    En écologie et en biologie, la résilience est la capacité d'un écosystème, d'une espèce ou d'un individu à récupérer un fonctionnement ou un développement normal après avoir subi une perturbation
    En psychologie, la résilience est un phénomène consistant à pouvoir revenir d'un état de stress post-traumatique


    J'ai été tour à tour abandonné, récupéré, circoncis, corrigé, ignoré puis rejeté : mon pauvre gosse, qu'est-ce qu'il aurait du prendre !!!!!
    Hé bien non justement : il est équilibré, intact, a toujours une oreille attentive à tout les problèmes qu'il peut rencontrer. Je l'aime et le protège du mieux que je peux, j'essaye de le comprendre et de le guider tout en respectant ses orientations et ses choix de vie.


    Maintenant une dernière chose (peut-être la toute dernière d'ailleurs)


    Notre expérience sur certains "forums d'entraide" :


    Ma femme est atteinte depuis 4 ans, d'une maladie invalidante qu'on ne sait toujours pas soigner.
    Elle a fréquenté régulièrement un site dédié à cette pathologie pendant les premiers temps de sa maladie.
    Depuis, elle a complètement arrêté tellement ça lui plombait le moral : une accumulation de souffrances physiques et psychologiques déversées, qui cloisonnent les gens dans leurs douleurs (qui sont bien réelles) mais qui les empêchent de mener efficacement leur combat individuel contre la maladie.
    Ils s'enferment dans leur souffrance, emmitouflés et confortés par celle des autres et tout le monde coule avec le bateau !


    Elle a reçu beaucoup plus de positif et d'encouragement sur notre site de motards que sur ces sites "dédiés" :D pourtant elle ne peut plus faire de moto et cela lui pèse, mais, par contre la bonne humeur qui y règne est contagieuse !


    Alors bien sur nous traitons d'un sujet relativement grave mais si c'est là où vous voulez en venir : un forum où l'on ne rumine en permanence QUE les effets négatifs et la douleur psychologique en ignorant, écartant, voire dénigrant, ceux qui essayent d'apporter une vision plus légère, plus pragmatique et positive des choses, ce sera surement sans moi !


    Merci pour tout !


    PS : n'hésitez pas à effacer ce message si il vous embête, je comprendrais ...

    Le prépuce n'est pas l'emballage, c'est la friandise !!!


    "No pain, no gain !"


    Argh, plus d'encre dans le clavier...

  • Pas facile de suivre votre message un peu fourre-tout et qu’il faut lire deux fois... Cela traduit un sentiment d’agacement,agacement que d’ailleurs je ne comprends pas : la majorité des messages du forum sont relativement positifs, à mon sens.


    OUI, parler des éventuelles conséquences psychologiques (et physiologiques) est important : je suis moi-même intact et je n’aurais jamais soupçonné tout cela si je n’étais pas tombé un peu par hasard sur droitaucorps.com. J’ai pu entrer en contact avec Nicolas, partager avec lui mon point de vue et mes expériences en tant qu’homo intact ; je l’aide comme je peux et je suis content de ne pas avoir subi ce que vous avez subi, mais je me sens tout de même un peu concerné.
    Personne ne s’est jamais plaint autour de moi de sa circoncision, que ce soit les personnes de mon entourage ou les mecs avec qui, on va dire, j’ai flirtés ; mais je crois aussi que les circoncis ont peur de ne pas être compris des intacts, car on ne connait pas/mal ce que vous connaissez.


    Concernant certains commentaires offensifs d’internautes, je suis d’accord : je ne vois pas non plus l’intérêt de leur répondre, sans oublier que c’est relativement chronophage, j’en ai déjà parlé à Nicolas.
    Quant au « raisonnement psy des années 70 », il a beau daté, il n’en est pas moins valable. Est-ce que l’on devrait mettre Freud au pilori parce que ses théories ont dépassé le siècle d’âge ?!? Loin de moi l’idée de faire de lui un saint homme, mais force est de constater que la grande majorité de ses théories n’ont pas encore reçu de critiques solides et argumentées. Il est bien connu que qqn qui subit une expérience traumatisante, a fortiori quand il est enfant, a plus de risque de la reproduire plus tard. Si l’on pouvait connaître le passé de toutes les personnes détenues en prison, on se rendrait compte que la plupart d’entre elles ont d’abord été victimes avant de devenir "prédateurs" et de faire des victimes à leur tour. J’en ai d'ailleurs parlé à un ami psychiatre (contemporain et non des années 70 !) qui m’a confirmé cela.


    La comparaison avec une maladie invalidante n’est pas des plus judicieuses : il est clair que dans ce cas, on ne peut rien faire seul(e), on a surement besoin de faire une batterie d’examens plus ou moins réguliers et de consulter des spécialistes, et cela dépend certainement beaucoup de la condition physique de la personne (âge, taille/poids, hygiène de vie, etc.).
    Ce qui n’est pas le cas de la circoncision/restauration : vous pouvez vous-mêmes vous procurer les outils pour vous restaurer et vous en servir vous-mêmes, indépendamment de votre âge, poids, etc et indépendamment d'un représentant du corps médical. Vous pouvez donc améliorer votre situation par vos propres soins. Il faut certes toujours prendre des précautions, ne pas se blesser, ne pas forcer, etc. mais vous êtes assez grands pour que l’on n’ait pas toujours à jeter un oeil au-dessus de votre épaule. Et vous pouvez partager ici ce que vous pensez/ressentez/vivez, ce qui peut être très motivant (j'imagine que les photos de restaurations réussies sont très encourageantes).


    Nicolas dépense une énergie folle à oeuvrer à tout cela, au site, au forum, à ce que vous ayez des infos, à ce que vous puissiez communiquer. Il n’est pas médecin, ni chirurgien, ni avocat, ni psy. Il cherche juste à réunir des arguments et à partager des faits, qu’ils soient négatifs (conséquences psychologiques, mort de nourrissons suite à la pratique, etc.) ou positifs (restauration réussie, prise de position contre la pratique dans certains pays, discussion à l'APCE, etc.).

  • Pas de problème pour ton message Diabolo, on est ici pour discuter ! :)


    En bref parce que j'ai peu de temps :


    -> l'article ne dit pas (et personne ne dit) que tous les hommes circoncis vont souffrir de problèmes psychologiques, mais que "la circoncision présente clairement un risque de séquelles psychologiques chez l’enfant et l’adulte."


    -> juste pour préciser : le risque de souffrance psychologique suite à une circoncision semble logiquement plus élevé dans le cas de circoncision non médicalisée ; mais ça ne veut pas dire que quelqu'un qui a été "bien circoncis" ne peut pas souffrir lui aussi.


    -> comme le dit cestcelaoui, pas le temps de répondre aux commentaires que tu cites. Tant mieux si ces gens circoncis ne souffrent pas, encore une fois l'article n'a jamais affirmé que tous les hommes circoncis souffraient. Je ne préfère pas entrer dans une conversation avec des gens qui, par expérience, sont souvent pro-circoncision et feront circoncire leur propre enfant.


    -> Aussi, beaucoup d'hommes circoncis réagissent de manière très agressive aux intactivistes (exemple lors des manifs US) : je ne suis pas psy, mais il me semble que cela porte un nom et que toutes ces réactions souvent disproportionnées proviennent de gens qui ne vont pas forcément si bien que ça par rapport à ce qu'ils ont subi... Jonathon Conte (cf vidéo) et d'autres intactivistes reconnaissent eux-mêmes être passés par une période de déni. C'est mon cas également. Il ne faut pas sous-estimer ce point : ça existe, clairement.


    -> Concernant le phénomène cyclique de l'acte : ce n'est pas parce que quelqu'un a été circoncis qu'il fera circoncire ses enfants, mais très souvent c'est le cas. Et c'est tout à fait logique : le père reproduit ce qu'il a lui-même subi. On le constate, y compris dans des sociétés où la circoncision n'a pas un sens religieux ou culturel : US, Corée du Sud... On peut noter que sur ce point c'est exactement pareil pour l'excision.


    -> Ainsi, le fait que certains hommes circoncis disent très bien le vivre et œuvrent pour le développement de la circoncision est en soit une conséquence psychologique de l'acte.


    Exemple classique : penses-tu que la circoncision de Monsieur Brian Morris n'ait eu aucune conséquence sur lui ? Voir : http://youtu.be/gdGbXdEo93U


    => De manière générale : attention à ne pas faire de raccourci, relis l'article et tu verras qu'il n'est pas catégorique, mais qu'il parle de "risque" et donne des exemples concrets qui prouvent ce risque de trouble psychologique. Tout le monde est parfaitement conscient que ça n'est pas le cas pour tous les hommes circoncis, qu'on peut aller mieux, que tout n'est pas à mettre sur sa circoncision, etc.


    Je signale qu'il existe des femmes excisées qui défendent ce qui leur a été fait. Alors la circoncision, tu penses...

  • -> Aussi, beaucoup d'hommes circoncis réagissent de manière très agressive aux intactivistes (exemple lors des manifs US) : je ne suis pas psy, mais il me semble que cela porte un nom et que toutes ces réactions souvent disproportionnées proviennent de gens qui ne vont pas forcément si bien que ça par rapport à ce qu'ils ont subi... Jonathon Conte (cf vidéo) et d'autres intactivistes reconnaissent eux-mêmes être passés par une période de déni. C'est mon cas également. Il ne faut pas sous-estimer ce point : ça existe, clairement.

    Je ne suis pas psy non plus, mais je sais que ça s'appelle le refoulement : la personne ne peut/veut pas extérioriser un fait qui le concerne. Elle développe donc un rejet, voire une agressivité, envers les personnes qui extériorisent/assument ce fait. Ce fait est d'ailleurs souvent anormal, c'est-à-dire qu'il ne concerne pas la norme, la majorité de la population, qu'il n'est pas conforme au modèle courant ou à la conception que la personne se fait de la norme.
    C'est connu également pour l'homosexualité : les homophobes sont souvent des personnes qui n'acceptent pas leur propre homosexualité ou qui n'acceptent pas leur "part de féminité" (pour des raisons souvent socio-culturelles). C'est une phase de déni, comme tu le soulignes pour la circoncision : on se voile la face, on n'est pas prêt à s'accepter comme ça, d'accepter les faits. La phase où la personne se rend à l'évidence et s'accepte comme elle est prend plus ou moins de temps, c'est subjectif et cela dépend toujours du contexte.


    Même chose pour les femmes excisées : ce n'est pas parce que l'on souffre d'une pratique que l'on est contre cette pratique. Cela me fait penser au syndrome de Stockholm : certains otages, certaines victimes, en viennent à éprouver de l'empathie envers leur(s) agresseur(s). C'est également ce qui est souvent observé lors de cas de violence conjugale.
    Cela semble contradictoire, mais c'est de fait plus courant qu'on ne le pense.

  • Merci cestcelaoui, "refoulement" est bien le mot que je cherchais :!:


    Je trouve que ton explication du phénomène ainsi que les exemples que tu donnes sont très bons :)


    Concernant le déni, je comprends que cela puisse arriver quand cela concerne quelque chose de psychologique et d'abstrait, comme mes exemples.
    Mais Nicolas, tu dis être passé par cette phase : je ne comprends pas comment on peut être en déni de quelque chose de concret, car de fait, il suffisait de regarder dans ton slip pour bien voir que OUI, malheureusement, tu avais été circoncis sans en avoir bien conscience.
    Comment s'est passé cette phase de déni ? Car si je compare avec mon cas et l'un de mes exemples, j'ai été en déni également et ne me voyais pas en couple avec un mec toute ma vie ; je voulais plutôt "faire comme tout le monde", sachant que deux hommes en couple attireraient toujours des ennuis. J'ai dû m'accepter comme ça et ça s'est fait vers la fin de l'adolescence (18 ans). Mais le déni de quelque chose de concret et que tu vois tous les jours sur ton corps, comment ça se passe et comment ça se termine ?

    Peut-on être intact et travailler dans la restauration ? ?(

    Message modifié 1 fois, dernière modification par cestcelaoui ().

  • Eh bien, en simple : auto persuasion que c'est quelque chose d'avantageux d'être circoncis (je prenais les arguments pro circ même si au fond de moi je savais que c'était des conneries) et je me mentais à moi-même.


    J'étais tout simplement pas assez fort pour affronter la réalité. C'est quelque chose que j'ai retrouvé chez beaucoup d'hommes circoncis.


    J'avais bien sûr conscience d'être circoncis, je faisais simplement en sorte de l'oublier.

  • Eh bien, en simple : auto persuasion que c'est quelque chose d'avantageux d'être circoncis (je prenais les arguments pro circ même si au fond de moi je savais que c'était des conneries) et je me mentais à moi-même.


    J'étais tout simplement pas assez fort pour affronter la réalité. C'est quelque chose que j'ai retrouvé chez beaucoup d'hommes circoncis.


    J'avais bien sûr conscience d'être circoncis, je faisais simplement en sorte de l'oublier.

    Ok, donc c'est un changement de la vérité pour rendre la réalité acceptable à soi-même.
    La Fontaine connaissait le déni bien avant nous :


    Le Renard et les raisins
    Certain Renard Gascon, d'autres disent Normand,
    Mourant presque de faim, vit au haut d'une treille
    Des Raisins mûrs apparemment,
    Et couverts d'une peau vermeille.
    Le galand en eût fait volontiers un repas ;
    Mais comme il n'y pouvait atteindre :
    "Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats. "
    Fit-il pas mieux que de se plaindre ?

  • Sinon, sans aller jusqu'au déni qui relève de la mauvaise foi, on peut essayer de trouver des aspects positifs dans les choses qui au premier abord sont négatives.
    Et ensuite attacher de l'importance à ces points positifs.
    C'est une façon d'éviter se se rendre malheureux par rapport à des buts trop difficiles à atteindre.

  • "Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats. "
    Fit-il pas mieux que de se plaindre ?

    Moins poétiquement: quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage.

    Caillou, la cinquantaine entamée, intact.


    "Toute vérité franchit trois étapes. D'abord elle est ridiculisée. Ensuite, elle subit une forte opposition. Puis, elle est considérée comme ayant toujours été une évidence." - Arthur Schopenhauer